Friday, July 18, 2008

«En español, auf Deutsch»

Sylvie C. Albert Étude comparative de la littérature immigrante en langue étrangère au Canada Je vais vous parler aujourd'hui de l'ethnicité dans la littérature immigrante en langue étrangère au Canada. La littérature immigrante est bel et bien entrée dans le système littéraire de ce pays. En effet, les noms d'Emile Ollivier et de Nino Ricci n'en sont que deux parmi bien d'autres qui créent une littérature dans laquelle se dessinent les relations ethniques. Dans Ces étrangers du dedans. Clément Moisan et Renate Hildebrand ont souligné les relations ethniques dans la littérature québécoise écrite par des auteurs migrants, c'est-à-dire des écrivains qui écrivent en français, immigrants ou non, en élaborant une fiction où des éléments ethniques s'incorporent dans la société québécoise. Dans Scandalous Bodies : Diasporic Literature in English Canada, Smaro Kamboureli évalue l'ethnicité de la littérature de la diaspora en anglais. Les ouvrages cités sont d'une valeur incontestable dans l'étude des relations ethniques au Canada, mais elles ne tiennent pas compte d'un autre corpus littéraire : celui de la littérature immigrante en langue étrangère. Pour souligner la contribution des écrivains en langue étrangère au Canada, j'ai choisi d'étudier les éléments ethniques des poèmes de Walter Bauer, qui est originaire d'Allemagne, et de Jorge Etcheverry, originaire du Chili. Bauer a écrit en allemand, Etcheverry en espagnol. Au cours de mon étude, je veux répondre aux questions suivantes : Dans les poèmes de Bauer et d'Etcheverry, quelle est l'importance du choix de la langue d'écriture? Est-ce que la voix poétique représente, à partir de références culturelles, le pays et la culture d'origine? Est-ce qu'elle représente, de la même façon, le pays et la culture d'accueil? Comment s'articule dans ces textes la double référence au pays et à la culture d'origine et au pays et à la culture d'accueil? Quelle est l'importance des textes d'écrivains en langue étrangère au sein de la littérature canadienne? Y a-t-il des ressemblances ou des différences dans les références culturelles entre la poésie de Jorge Etcheverry et de Walter Bauer? J'utilise le terme « voix poétique » pour désigner ce qu'on entend comme le « narrateur » dans le cas d'un roman. C'est la voix qui raconte, qui rapporte, qui construit le message. Pour définir le terme « référence culturelle », je m'appuie en premier lieu sur un texte par Gilles Dupuis, de l'Université de Montréal. Dans ce texte, qu'il a présenté dans le cadre d'une conférence en mars 2003, Dupuis analyse les éléments ethniques dans deux romans pour expliquer la valeur ethnoculturelle de ces derniers dans les relations entre ethnies dans la société québécoise. Par exemple, chez Dupuis, les éléments ethniques sont les poèmes arabes retrouvés dans le roman d'Abla Farhoud et les recettes chinoises dans le roman de Guy Parent. En deuxième lieu, je m'appuie sur la définition générale du terme « ethnie » retrouvé dans le Nouveau Petit Robert : « Ensemble d'individus que rapprochent un certain nombre de caractères de civilisation, notamment la communauté de langue et de culture ». Je soulignerai donc dans le texte tous les éléments ethniques -de langue et de culture - qui renvoient à la civilisation d'origine et à la civilisation d'accueil. Je nommerai « références culturelles » ces éléments ethniques qui renvoient à l'expression littéraire de l'expérience d'immigration. Le choix de la langue d'écriture Jorge Etcheverry, "Perro con Alas", c 1980, de la collection de poèmes El evasionista/The Escape Artist Walter Bauer, "Canada ", c I960, de la collection de poèmes The Price of Morning L'écriture en langue étrangère au Canada n'est pas unique à Jorge Etcheverry et à Walter Bauer. Steven Totosy de Zepetnek a dénombré environ 65 langues différentes représentées dans la littérature de langue non-officielle (ex. Icelande, Mennonite). Cependant, peu d'exemplaires de cette littérature ont profité 'd'une publication dans le pays, ce qui s'explique en partie par la politique d'immigration de l'époque, orientée vers les travailleurs manuels, fermiers et ouvriers. Ce n'est qu'après la deuxième guerre mondiale que la proportion des artistes parmi les immigrants a augmenté. Plusieurs d'entre eux fuyaient ou quittaient leur pays à cause de tensions politiques. Au fil des années, la littérature en allemand et en espagnol s'est publiée grâce à l'appui de diverses associations et organismes. La littérature allemande-canadienne a trouvé un support chez des associations telles que la Historical Society of Mecklenburg, Upper Canada et la German-Canadian Historical Association, qui subventionnent la publication des œuvres et la diffusion d'articles critiques (Deutschkanadisches Jahrbuch, Deutschkanadische Schriften). Le German-Canadian Studies Newsletter, dont l'éditeur est le titulaire de la Chaire des Etudes allemandes-canadiennes à Winnipeg, est publiée régulièrement sur Internet. Enfin, les fonds découlant de la politique du multiculturalisme également permis la fondation du Friedrich Schiller Foundation for German-Canadian Culture. Quant à la littérature chilienne-canadienne, elle occupe depuis 2001 une place distincte au sein d'une entente Canada-Chili. Le Proyecto Adrienne consiste en une entente entre la Bibliothèque nationale du Canada et la Bibliothèque nationale du Chili « en vue de sauvegarder et de retourner au Chili les œuvres intellectuelles réalisées par les écrivains [Jorge Etcheverry] et artistes chiliens ayant dû s'exiler au Canada suite au coup d'État du 11 septembre 1973 ». Jorge Etcheverry et plusieurs écrivains chiliens ont obtenu des fonds de publication par le biais de la politique du multiculturalisme, un programme visant à préserver l'héritage culturel et ethnique de la diversité canadienne. Les auteurs chiliens ont publié dans les magazines littéraires (souvent bilingues) Alter Vox et Possibiltiis. De plus, les artistes latino-américains du Canada se rencontrent à la conférence Boréal à chaque année depuis deux ans. Cette conférence a lieu à Ottawa et est organisée par le Taller El Dorado, un groupe littéraire initié par Jorge Etcheverry réunissant aussi plusieurs poètes et artistes de diverses communautés ethniques, entre autres : colombiens, guatémaltèques et autochtones. D'autres rencontres, comme le Latin American Arts Festival, à Toronto, et le Festivalísimo, à Montréal, célèbrent le théâtre, le cinéma, la danse, la musique et la littérature chilienne et latino-américaine. De plus, les écrivains chiliens de la diaspora ont aussi été le sujet d'un numéro entier de deux revues littéraires : ARC et Ellipse. Finalement, le caractère bilingue des publications que je vous ai présenté est à souligner.' chaque poème est accompagné de la traduction en anglais. Quelle est la nécessité de cette traduction? De toute évidence, il s'agit du souci des auteurs et des éditeurs pour l'intégration du livre dans le système littéraire anglophone. C'est ainsi que Bauer a vu son œuvre reconnue au point de devenir le plus important poète allemand-canadien. Sans l'accompagnement d'une traduction, les poèmes de Bauer d'Etcheverry seraient inaccessibles à la majorité des canadiens. L'Honorable Adrienne Clarkson a prouvé que la traduction a permis l'intégration de la poésie de Bauer puisque la version anglaise de son poème « Canada » fut cité par la Gouvemeure générale en octobre 2001 lors de son discours à l'occasion d'un dîner en l'honneur du Président de la République fédérale d'Allemagne. Elle faisait référence à l'immigration au Canada et « the probiems of aliénation and assimilation faced by every immigrant. The "once 1 lived there, now 1 live here" of the newcomer. »2 Les références culturelles et l'expression de l'expérience d'immigration Dans l'analyse des textes, je souligne justement le « there » et le « here » de l'expérience d'immigration dans les poèmes de Bauer et d'Etcheverry. L'expérience d'immigration s'exprime par la double référence au pays et à la culture d'accueil, d'une part, et au pays et à la culture d'origine, d'autre part. Dans chaque poème, la voix poétique exerce une fonction permettant d'évaluer l'expression de l'expérience d'immigration ou d'exil sous différentes perspectives. En particulier, j'ai noté l'opposition de l'idéal cultivé de l'humanité et son animalité de base ou la nature sauvage, mais aussi le passé et le présent, la civilisation d'origine et civilisation d'accueil, la droite et la gauche, l'individu et la communauté, la mémoire, la remise en question de l'identité. Dans mon étude, j'ai porté une attention particulière aux références culturelles se rapportant à l'opposition de deux civilisations distinctes et je les ai mises en relation avec l'expérience d'immigration. « Canada » Dans le poème « Canada » de Walter Bauer, la voix poétique communique que le Canada, en comparaison avec l'Europe, est un pays où on ne retrouve pas une sagesse culturelle et artistique mais plutôt un sens totalisant de la sagesse à travers la nature. Les références culturelles de la nature canadienne s'opposent à celles des artistes et de l'histoire européenne (voir tableau 1). Le poème « Canada » construit la préséance de la terre canadienne sur la culture artistique européenne. À cet effet, la voix poétique met une emphase sur l'absence des références culturelles européennes en terre canadienne et personnifie certaines références à cette même géographie afin d'augmenter leur importance aux yeux du lecteur. L'énumération des références culturelles d'origine européenne est plutôt brève et son absence est intensifiée par une négation répétitive («nicht hier»). La voix poétique prise la nature canadienne par rémunération des caractéristiques de cette dernière et la culmination de la préférence est caractérisée par une qualification qui détermine sa sagesse totalisante (« die Endsumme aller Weisheit »). On pourrait croire que la représentation froide et sauvage de la nature canadienne ne soutient pas l'hypothèse de la supériorité de la nature en fonction de la culture européenne distinguée et aristocrate (« Glanz des Grossen Herms »). Cependant, je crois plutôt que l'aspect froid et sauvage reproduit le sentiment d'aliénation et de solitude auquel fait face l'immigrant. Tableau 1 Références culturelles dans « Canada » par Walter Bauer Références à la civilisation d’origene Platon, Aristoteles, Dante Rembrandt, Kônig im Exil Références à la civilisation d'accueil Labrador, Walder, Yukon, Mackenzie, Arktis Perro con Alas Le poème « Perro con Alas », de Jorge Etcheverry, transmet la colère d'un chilien contre le gouvernement chilien après le coup d'état de 1973 et la perte de l'identité et de la culture à cause de l'exil. C'est de façon chaotique et fragmentaire que la voix poétique exprime la chute dans l'animalité de l'homme idéal: un homme comme tout autre, cultivé en philosophie, en littérature et en poésie. On assiste à la perte de l'individualité de l'homme exilé. On retrouve également le dilemme de l'exil dans le style fragmentaire et chaotique de la forme du poème. Il y a une coupure entre la première partie et la deuxième partie du poème. Cette séparation concorde avec la double référence au Chili du passé et de la vie au Canada dans le présent et représente le nouvel espace inconnu dans lequel l'individu ne se retrouve pas culturellement. On constate que les références culturelles chiliennes et européennes sont beaucoup plus nombreuses dans le texte et se retrouvent dans la première partie, alors que les références culturelles canadiennes sont presque inexistantes (voir tableau 2).Cette réalité textuelle appuie l'hypothèse selon laquelle ce poème est une représentation de la perte d'identité culturelle de l'immigrant, et que la deuxième partie représenterait le sentiment d'aliénation de ce dernier à l'extérieur de son pays et sa culture d'origine. La référence au Canada dans la deuxième partie est restreinte au mot «K-MART », une chaîne de magasins d'économies canadienne, qui ferma ses portes en 1998 pour être remplacée par WAL-MART. Je crois que cette référence strictement économique et l'absence de toute référence culturelle reproduit la perspective de l'immigrant du pouvoir économique que représente le Canada comparé à son pays d'origine. Il s'agit ici d'une critique à la société de consommation canadienne (et nord-américaine) qui n'apporte que la discorde. La posture de la voix poétique fait foi de cette affirmation par la négativité et l'aspect fragmentaire du texte dans la deuxième partie, qui représentent les effets malheureux de la puissance économique. En ce sens, je m'appuie aussi sur la biographie de l'auteur. L'exil d'Etcheverry est une conséquence de la société de consommation car la lutte des États-Unis pour le pouvoir économique se traduit par l'appui de la CIA au coup d'état chilien. Tableau 2 Références culturelles dans « Perro con Alas » par Jorge Etcheverry Références à la civilisation d'origine Chile, chilenos, Loma, Allen Ginsberg, Barrio Alto, Quilapayùn, Erik, Escuela de Santiago, Garcia Lorca, la chilenidad, revista Poetry, Yoli, Calle Cóndor, Chino Piñones, Mono Vélez, Limerik, Darwin, Heidegger, Esquilo, Beckett, Perse,Lautréamont, Gómez de la Serna, Pellegrini, Newton, Franklin, Iluminaciones, Una estadia en el Infiemo, Eliot,De Rokha Références à la civilisation d'accueil Québec city, norteamericana, K-MART, canadiense, Norteamérica Comparaison Lorsqu'on compare l'usage des références culturelles de la civilisation d'origine par rapport à la civilisation d'accueil, on note dans « Perro con Alas » une quantité plus élevée de références culturelles que dans « Canada ». De plus, l'écart dans le rapport entre les références à la civilisation d'origine et celles de la civilisation d'accueil est plus grand dans « Perro con Alas » que dans « Canada » (voir tableau 3). Deux facteurs sont en cause dans cette différence entre les deux poèmes. Premièrement, le nombre des références est plus élevé dans « Perro con Alas » puisqu'il s'agit d'un poème en prose constitué de plus d'une vingtaine de strophes d'environ dix lignes chacune, tandis que «Canada» consiste en un texte amplement plus réduit d'une vingtaine de lignes. Deuxièmement, la posture de la voix poétique dans « Perro » est enchaînée à la mémoire et la révolte à l'égard d'événements qui font partie du passé dans le pays et la culture d'origine. Le ton nostalgique entraîne donc en même temps le recours à une grande quantité de références à la civilisation d'origine. Dans le poème « Canada », le lecteur est plutôt entraîné dans une idéalisation de la nature canadienne, qui dénote certes la difficulté de l'immigration par l'aspect sauvage et peu accueillant de cette dernière, mais tout en conservant la supériorité de la civilisation d'accueil sur la civilisation d'origine. La relation entre ces poèmes et la vie de l'auteur nécessite une attention particulière dans la perspective de l'analyse de l'expérience d'immigration. Comme je l'ai mentionné, Etcheverry s'exila au Canada suite aux conséquences de la prise de pouvoir du gouvernement Pinochet au Chili en 1973. Activement engagé dans le Movimiento de Izquierda Revolucionaria depuis 1965, Etcheverry se vit menacé de persécution suite à la prise des pouvoirs de Pinochet. En effet, le groupe MIR était fervent de Salvador Allende, le président déchu, en plus d'être engagé dans une mission "que convoca a toda una cultura revolucionaria de generosidad, compromiso y entrega en la construcción paciente y decidida de una alternativa popular y revolucionaria en el Chile del hoy capitalista neoliberal y explotador"3. En somme, les circonstances de l'immigration d'Etcheverry, exilé en provenance d'un pays d'Amérique du Sud, plus pauvre et en proie à des tensions politiques, expliquent la fascination de la voix poétique pour le mercantilisme ('K-MART'). La contrainte à l'exil et ses convictions politiques (MIR) justifient la frustration et l'obsession nostalgique envers la civilisation d'origine. Bauer, quant à lui, n'immigra pas par la suite de menaces ou de persécution, il quitta l'Allemagne en 1952 de son propre chef. Cependant, comme le notent Rodney Symington et Hartmut Froeschie, deux critiques de la littérature allemande-canadienne, il s'agissait pour Bauer d'un exil personnel. Plusieurs de ses publications furent censurées sous le régime hitlérien et il se vit obligé de servir dans l'armée nazie durant la guerre, sous peine d'être lui-même emprisonné ou encore tué. Bauer était optimiste et s'était forgé des idéaux d'une « nouvelle Allemagne » d'après-guerre plus humaniste. Devant la déception et le sentiment de culpabilité d'avoir servi son pays, agent des atrocités de l'holocauste, il décida d'émigrer vers le Canada. L'exil volontaire de Bauer se traduit par un rejet de la civilisation d'origine par la voix poétique. Le désir déçu de l'auteur de voir l'Allemagne devenir un exemple pour l'humanité se transfère sur la civilisation d'accueil sous la forme de l'idéalisation de la « sagesse totalisante » de la nature canadienne. Les deux poèmes font également des références culturelles à la civilisation d'origine qui ne sont pas restreintes au pays d'origine mais à une culture commune. Dans « Perro con alas », la référence « Garcia Lorca » désigne un écrivain de l'Espagne et la référence « Heidegger » désigne un philosophe allemand. Dans « Canada », la référence « Platon » désigne un philosophe grec et « Rembrandt », un artiste hollandais du XIXe siècle. Il s'agit donc d'un exemple des éléments ethnoculturels qui s'extrapolent au-delà d'une ethnicité limitée à l'État nation. Il s'agit donc d'une appropriation culturelle associée à la diffusion extraterritoriale du savoir. La place de la littérature immigrante en langue étrangère Enfin, je m'attarderai brièvement aux relations de la littérature écrite par Etcheverry et par Bauer en rapport avec l'institution littéraire au Canada. Quelle est la place de cette littérature? La littérature immigrante en langue étrangère s'inscrit-elle dans le corpus de la littérature nationale? Dans leurs observations de la littérature nationale québécoise, Moisan et Hildebrand n'incluent pas le corpus littéraire en langue étrangère dans la littérature québécoise. N'y figurent parmi les immigrants que les écrivains ayant publié au moins une œuvre en français au Québec. Au lieu, ils la renvoient au domaine littéraire de la langue maternelle (c'est-à-dire la littérature allemande ou la littérature du Chili). En traitant de ce sujet dans le cadre de la littérature canadienne (anglophone), Smaro Kamboureli s'en tient également à une telle distinction de la place des écrivains de langue étrangère au Canada. Étant donné le tirage et la réception limités de la littérature en langue étrangère au Canada, il est facile de ne pas tenir compte de cette littérature à l'échelle nationale. Tout comme Walter Bauer et Jorge Etcheverry l'ont fait, les écrivains de langue étrangère conservent généralement des liens solides avec les cercles littéraires du pays d'origine afin de continuer à publier dans leur pays d'origine. Au Canada, les publications de ces auteurs connaissent un tirage et une reconnaissance qui se limite à peu près à celle de leur entourage immédiat. L'intégration de ces auteurs est difficile et il ne semble pas y avoir de solution à l'horizon, comme le démontrent les études de Moisan et Kamboureli. Par conséquent, certains de ces auteurs ne cherchent plus l'intégration à la littérature au Canada, mais plutôt par l'Internet. En effet, il semblerait que le futur des écrivains immigrants en langue étrangère sera remis entre les mains des institutions virtuelles sur le Web. Comme le reconnaît Etcheverry lui-même dans une entrevue qu'il m'accorda en janvier dernier, la rapidité des communications par courrier électronique et la diffusion de la littérature par des magazines littéraires sur le Web, permet aux écrivains immigrants et exilés qui désirent publier dans leur langue maternelle de maintenir le contact avec les amateurs de littérature et les éditeurs de leur pays d'origine. Selon toute évidence et en s'appuyant aux propos d'Etcheverry, il semblerait donc que les futurs écrivains immigrants en langue étrangère pourront continuer leur activité créatrice malgré leur exil ou leur émigration sans devoir s'intégrer linguistiquement ou culturellement à leur nouvel entourage. Il remarque que "ahora el asunto es que en este momento, como hay más conexión a través digamos de medios como la Internet es mucho más fácil conectarse con autores chilenos, de algún modo eso contribuye a que la integración cultural ahora es menos relevante..." Si nous laissons cette littérature prendre sa place dans le monde virtuel sans lui accorder une reconnaissance (ce qui est le but la politique du multiculturalisme) dans la réelle institution littéraire canadienne, la société canadienne en sortira grande perdante. Conclusion Comme je l'ai montré, l'expression de l'expérience d'immigration dans la poésie de Walter Bauer et de Jorge Etcheverry permet de contextualiser l'expression de l'expérience d'immigration. La voix poétique dans chaque texte oppose des références aux civilisations d'accueil et d'origine permettant de reconnaître les conflits qui s'opposent entre les civilisations. Dans le poème « Perro con Alas », la voix poétique représente le refus de reconnaître des qualités culturelles la civilisation d'accueil dans le but d'exprimer son refus à affronter l'inévitable réalité de l'exil et la nécessité d'intégration. L'intégration à la société canadienne n'est rien de plus qu'une perte de l'individualité de l'immigrant et de l'affrontement avec son soi rien de plus que commun, dépourvu de l'entourage ethnoculturel qui affirme son individualité. Dans le poème « Canada », la voix poétique exprime la supériorité de la civilisation d'accueil sur la civilisation d'origine. Contrairement au rejet de l'intégration à la civilisation d'accueil dans « Perro », la voix poétique dans « Canada » rejette la culture de la civilisation d'origine à la recherche d'intégration dans la civilisation d'accueil. Par mon étude, je montre sans équivoque que la littérature en langue étrangère est importante pour son contenu, riche en connaissances ethnoculturelles, et ne doit pas être ignorée en tant qu'objet dans les recherches ethnique comme elle l'est déjà dans l'institution littéraire au Canada à cause de la frontière du langage. NOTES 1. Bibliothèque nationale du Canada. Proyecto Adrienne: Une entente Canada-Chili. 22 janv. 2002(19 fév. 2004) 2. Clarkson, Adrienne, Hon. "Speech on the Occasion of a State Dinner Hosted by the President of the Federal Republic of Germany." Governor General of Canada. 24 Oct. 2001. (17 Feb. 2004) 3. Movimiento de Izquierda Revolucionaria. En el camino del Poder Popular. 15 de Agosto 1965 - 15 Agosto 2003. http://chilemir.tripod.com. (19 feb. 2004). BIBLIOGRAPHIE Clarkson, Adrienne, Hon. "Speech on the Occasion of a State Dinner Hosted by the President of the Federal Republic of Germany." Governor General of Canada. 24 Oct. 2001 (17 Feb. 2004) Bauer, Walter. The price of morning: selected poems. Henry Beissel (ed.). Vancouver: Prism International Press, [c l968]. Bibliothèque nationale du Canada. Proyecto Adrienne: Une entente Canada-Chili. 22 janv. 2002. (19 fev. 2004) Dupuis, Gilles. Les écritures transmigrantes: les exemples d'Abla Farhoud et de Guy Parent. Colloque International : Littérature, immigration et imaginaire au Québec et en Amérique du Nord. 12 et 13 mars 2003, Université du Québec à Montréal. Etcheverry, Jorge. El evasionista/The escape artist; poems. 1968-1980. 1era. ed. [Ottawa]: Ediciones Cordillera, c l981. Kamboureli, Smaro. Scandalous Bodies. Diasporic Literature in English Canada. Don Mills, ON: Oxford University Press Canada, 2000. Moisan, Clément, et Renate Hildebrand. Ces étrangers du dedans : Une histoire de l'écriture migrante au Québec (1937-1997). Québec : Notabene, 2001. Movimiento de Izquierda Revolucionaria. En el camino del Poder Popular 15 Agosto 1965 – 15 Agosto 2003. (19 feb. 2004). Joseph Pivato, Steven Tôtôsy de Zepetnek, and Milan V. Dimic,(eds.). Literatures of Lesser Diffusion Les Littératures de moindre diffusion Spécial Issue of Canadian Review of Comparative Literature Revue Canadienne de Littérature Comparée (Canadian Comparative Literature Association) 16.3-4 (1989): 555-884.

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Ottawa, Ontario, Canada
Canadá desde 1975, se inicia en los 60 en el Grupo América y la Escuela de Santiago. Sus libros de poemas son El evasionista/the Escape Artist (Ottawa, 1981); La calle (Santiago, 1986); The Witch (Ottawa, 1986); Tánger (Santiago, 1990); Tangier (Ottawa, 1997); A vuelo de pájaro (Ottawa, 1998); Vitral con pájaros (Ottawa; 2002) Reflexión hacia el sur (Saskatoon, 2004) y Cronipoemas (Ottawa, 2010) En prosa, la novela De chácharas y largavistas, (Ottawa, 1993). Es autor de la antología Northern Cronopios, antología de narradores chilenos en Canadá, Canadá, 1993. Tiene prosa, poesía y crítica en Chile, Estados Unidos, Canadá, México, Cuba, España y Polonia. En 2000 ganó el concurso de nouvelle de www.escritores.cl con El diario de Pancracio Fernández. Ha sido antologado por ejemplo en Cien microcuentos chilenos, de Juan Armando Epple; Latinocanadá, Hugo Hazelton; Poéticas de Chile. Chilean Poets. Gonzalo Contreras; The Changuing Faces of Chilean Poetry. A Translation of Avant Garde, Women’s, and Protest Poetry, de Sandra E.Aravena de Herron. Es uno de los editores de Split/Quotation – La cita trunca.

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Chile, 2005, Foto de Patricio Luco. Se pueden ver en esta "Biblioteca mínima indispensable" el Manual de Carreño, el Manifiesto Comunista y Mi Lucha

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